vendredi 2 janvier 2009

Kaamelott Livre V – Alexandre Astier



Tout le monde a entendu parlé un jour ou l’autre de Kaamelott, mini-série à la mode Caméra Café version médiévale passant sur M6, ou a du moins fait les frais de son humour un jour ou l’autre :
« C’est pas faux.
- C’est côtelette que t’as pas compris ? »
Kaamelott a commencé avec des franches tranches de rigolade de 10 minutes le soir, avant de s’offrir une véritable trame scénaristique à partir de la fin du tome III et surtout dans le tome IV. Ceci dit, j’avoue que je ne m’attendais au choc du livre V.

N’ayant peu voir pas de télé, j’ai vu le livre V de façon complètement chaotique : le téléfilm de la première partie mais pas celui de la seconde passé il y a peu je crois, quelques épisodes de cinq minutes (quoique je me demande si c’en était pas du livre IV), avant finalement d’avoir le coffret DVD pour Noël… coffret contenant non pas des petits épisodes mais huit épisodes de 45 minutes…

C’est à s’y perdre entre les versions. Mon avis se base entièrement sur la director’s cut du coffret, qui est sûrement la version la plus accomplie… J’avais un peu peur de ce que ça pouvait donner, mais la surprise est de taille, et en vaut largement la peine.

A la fin du livre IV, Arthur récupère Guenièvre, et Lancelot se retrouve tout seul dans la nature… la situation semble à peu près revenue à la normale dans le Royaume, mais l’impopularité du roi grandit, du coup, il replante Excalibur dans le rocher pour montrer à tout le monde qu’il est toujours roi, sujet dont traite les quatre premiers épisodes (la première partie). Les quatre autres se consacrent à l’« après », faute de meilleur terme. Honnêtement, si la première partie est déjà étonnante en soi, la deuxième est une vraie claque dans le visage.

Ce livre poursuit les changements amorcés dans les précédents : moins d’humour, plus d’histoire, et un développement significatif des personnages, mais sur une toute autre ampleur. Il faut reconnaître que le montage final contribue grandement à cela : le découpage en épisodes de 45 minutes permet d’avoir des intrigues plus denses, moins hachées et en alternance.

Les épisodes sont juste comme il faut : comme on part de formats réduits à l’origine, cela permet d’avoir 45 minutes bien remplies, sans pour autant donner l’impression de délayer la sauce. D’ailleurs, en quelques six heures de film (si on est un peu maso comme moi et qu’on se regarde ça quasiment tout à la suite), cela donne un ensemble bien plus dense que certaines séries de 20 épisodes, voir presque un (très long) film tant les séparations semblent inutile…

… Sauf pour pouvoir voir et entendre une fois de plus un superbe générique de début, avec un magnifique thème mélancolique et héroïque à la fois. Rien que pour ça, ça vaut le coup !

Ce qui fait le point fort de ce livre, au risque de me répéter, c’est l’histoire, qui bien qu’entrecoupée de deux trois notes d’humour, est sombre et dramatique à souhait. Le Royaume part en morceaux, Arthur est bouffé par ses soucis personnels, Lancelot est… euh… passons, la Dame du Lac est mortelle, Caradoc et Perceval montent leur clan à l’auberge, etc.

Si les dialogues sont toujours aussi mordants, ils recèlent plus que de l’humour. Alexandre Astier s’approprie vraiment les personnages, au-delà de la caricature, et tire des légendes arthuriennes une histoire bien à part, avec des thématiques peu être très personnelles, notamment sur la paternité, dont la saga en sort franchement grandie.

De toutes les adaptations modernes que j’ai pu voir, et j’en ai vu, du Excalibur en armure brillante au Merlin de la BBC, en passant par un navet nommé Le Retour de Merlin l’Enchanteur vu sur SciFi en passant hier (j’ai vu des types en armure attaquer un camion avant de zapper), c’est la première fois que je vois quelque chose qui fait passer les personnages bien avant le coté héroïque, ce qui offre une relecture unique qui touche, et même mieux, prend carrément aux tripes par moment.

En toute honnêteté, il faudrait être sans cœur pour arriver à regarder la 2e partie du livre V sans ressentir quoi que ce soit, encore plus les deux derniers épisodes, et ne parlons même pas de l’ultime, le Garçon qui criait au loup, qui est tout simplement bouleversant (même que je suis encore toute secouée de la conclusion).

En plus de ça, les décors sont variés (intérieurs, extérieurs de campagne, forêt et mer), les acteurs toujours aussi bons sur tous les registres (les sombres comme les comiques), les costumes variés (peut-être un peu niponisants sur les bords mais ça choque moins que les vestes en cuir dans Merlin), les guest-stars agréables (Alain Chabat est excellent, Christian Clavier en est presque supportable bien que rappelant beaucoup les Visiteurs ), et la musique magnifique (je me répète, je sais).

Bon s’il y a un mini-point noir, c’est la qualité de l’image qui donne parfois un peu l’impression qu’on a passé un filtre de photoshop… pas réussi à savoir si c’était volontaire ou non. Pour le reste, c’est excellent. Il fallait oser changer de ton, passer de l’humour au drame, du sketch à l’épisode, mais c’est une transition plus que réussie.

La série gagne en beaucoup en faisant cela, car ça lui permet de ne pas tourner en rond, et de montrer sa polyvalence, même s’il est évident que ça ne plaira pas à tout son public. En tout cas, chapeau d’avoir réussi à faire autre chose que de la fantasy carton-pâte avec quelque chose d’aussi vaste et riche que la Matière de Bretagne…

Pour ce qui est de la suite, quelque chose me dit qu’il va falloir patienter pour l’avoir, puisque le livre VI concernera la genèse de l’histoire, notamment les années d’Arthur à Rome… Avec un découpage en grands épisodes d’après ce que j’ai suivi, même si c’est pas clair entre les 3 téléfilms et les 8 épisodes… et après on aura des films, donc on est pas près de s’ennuyer !

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Un livre magnifique.
Astier n'est pas seulement un Arthur exceptionnel, il ne rate rien : superbe musique, écriture... Je ne m'attendais pas à une deuxième partie aussi sombre et belle, agréable surprise.
Franchement je remercie ce type, déjà parce que kaamelott me fait rire et réaliser que même si je m'y met bien, je ferais jamais moitié aussi bien. Et surtout parce que à notre époque, ou comme tu le dis pour merlin on mange de la série fun mais quand même bien pourrie, de la pub, des concepts à 2 ronds, et autres resucées de vieilles séries, il a eu le courage de monter un projet, de A à Z, avec peu de moyen au début sans jamais dévier sur du commercial. Et voir aujourd'hui une série d'une telle qualité à la télé et qui plus est une série française (et lyonnaise !) ... quel pied ! Ca va faire du bien à pas mal de monde, spectateurs comme professionnels.

Anonyme a dit…

*groupie de base*
Alexandre Astiiiier !!

Hm. Ma soeur a croisé l'acteur qui joue Percival à la gare de Strasbourg (top, j'sais :D). Y'a pas qu'à Paris qu'on voit des célébrités !

J'ai zappé des passages de ton article, pour éviter les spoilers, vu que j'ai aussi vu uniquement un petit bout du livre V. Sans rancune, hein :D.

Anonyme a dit…

Critique suberbe!!!
Si bien que je crois que je vais acheter le dvd de la saison juste pour revoir les épisodes encore une fois^^.

J'essaye toujours de trouver un défault à Kaamelott mais j'en trouve pas^^, peut être la prochaine saison, qui sait!

Merci encore pour la critique!