mercredi 7 avril 2010

Au guet ! – Terry Pratchett


Cela fait bien quelques années que je n’ai pas lu de roman de Terry Pratchett. Les Annales du Disque-Monde ont beau être une série très connue dans le domaine de la fantasy, mes lectures remontent au lycée, et je finis toujours par repousser la reprise de cette série aux calendes grecques. Heureusement, le Cercle d’Atuan m’a donné un bon prétexte pour me plonger dedans.

C’est Tortoise, notre éminente spécialiste de Pratchett (on ne peut pas tous être spécialiste ès-Gaiman ;) qui a proposé Au Guet ! parmi les nombreux volumes, vu qu’apparemment il n’est pas utile de commencer par le numéro 1. J’avais déjà lu quelques romans sur Rincevent et sur la Mort, mais je n’avais pas encore mis le nez ceux portant sur le Guet, dont ce titre est le premier.

Dans la grande et folle ville d’Ankh-Morpork, le Guet est là pour assurer la sécurité… enfin, vu son faible effectif (quatre personnes en comptant Carotte, le nouveau venu), et la dangerosité de la ville qui fait qu’ils ont tout intérêt à « courir lentement », ils sont plutôt là pour faire joli dans le décor. Mais ils vont avoir l’occasion de faire preuve de leurs capacités et de leur valeur alors qu’une bande d’illuminés invoque un dragon en ville pour pouvoir y prendre le pouvoir.

Ca ne surprendra personne si je dis que Au guet ! est autant une lecture drôle qu’une drôle de lecture. On rit beaucoup, mais pas que, et ça je ne m’y attendais pas forcément.

Parlons d’abord de l’humour. Pratchett le manie sous toutes ses formes : jeux de mots, ironie, parodie, références diverses et variés, dialogues de fondus, il y en a pour tous les goûts. J’ai personnellement beaucoup apprécié la naïveté de Carotte qui donne lieu à de sacrés quiproquo, ainsi que la vision de la vie par le Patricien, complètement à l’opposé du spectre.

Et puis le bibliothécaire de l’Université invisible, bien sûr. Je pense qu’aucune personne travaillant en bibliothèque ou centre de documentation ne peut rester de marbre face à cet anthropoïde.

Mais comme je le disais, Au Guet ! ne se résume pas à des bonnes blagues (par ailleurs superbement rendues par le traducteur qui doit à mon avis suer sans et eau pour retranscrire les jeux de mots avec autant de talent…). Les personnages sont drôles, mais aussi attachants, comme Vimaire. Il y a une réelle intrigue avec du suspens, des rebondissements et des surprises imprévues.

Et puis, il y a une très bonne écriture. C’est l’élément marquant de ce roman. Il arrive que l’humour cache la pauvreté de l’écriture, mais ce n’est pas du tout le cas ici, bien au contraire. L’écriture de Pratchett est riche et intelligente. Les descriptions sont bourrées d’ironie, mais aussi incroyablement visuelles. Les dialogues sont peaufinés, le vocabulaire riche...

Ce gars pourrait écrire des choses ultra sérieuses sur la famine en Irlande (toute référence avec une nouvelle de Fabrice Colin étant purement fortuite) et le faire avec autant de brio. Je n’y avais jamais prêté plus attention que cela dans mes précédents Pratchett, mais il a une vraie plume.

Ca a été un plaisir donc de redécouvrir ainsi Pratchett. Même si fondamentalement ce n’est pas mon genre de livre (c’est contradictoire mais j’aime assez peu les choses humoristiques bien que j’en écrive beaucoup), il faut reconnaitre que c’est prenant, bien écrit, et qu’on avance dans l’histoire le sourire aux lèvres.

Ptêtre bien que je m’y remettrais, un de ces quatre, ne serait-ce que pour avoir la suite des aventures de Carotte. « La prochaine fois il va nous ramener le patron de la guilde des Assassins sous prétexte qu'ils tuent des gens. »

Avis des autres Atuaniens : Acr0, Arutha, Olya, Sherryn, Spocky, Tortoise, Zahlya

3 commentaires:

Unknown a dit…

J'ai l'impression que ce livre a fait des émules dans tout le cercle d'Atuan. Moi qui aime beaucoup le guet, je n'ai pas encore lu celui ci, j'ai commencé dans le désordre. Je me suis ensuite dit que si je lisais le guet, je serais déçu car il y aurait moins de personnages. Je sais maintenant que non. Je vais donc m'empresser de le chercher chez mon bouquiniste.

Je rajoute ton article en lien sur mon blog

Leia Tortoise a dit…

D'après ce que tu dis, j'imagine que tu avais commencé logiquement par les premiers tomes, où le délire destructuré est beaucoup plus prédominant que la "vraie plume". Plus on avance dans les publications, et plus la "vraie plume" s'affirme...
C'est mon plus grand motif de satisfaction d'avoir réussi à faire découvrir Pratchett par ce tome, au Cercle!

Vert a dit…

@ Lord...
C'est marrant moi je ne supporte pas de lire dans le désordre, je me suis trop gâchée certains détails en faisant ça (mon premier Star Wars était le retour du Jedi, dans le genre xD)

@ Tortoise
J'ai commencé par les premiers tomes (les 8e quelque chose), et ceux de la Mort (le Faucheur et Mortimer). Mais à l'époque je n'avais pas forcément le même regard non plus ^^
Mais c'est vrai que c'est une chouette (re)découverte, et je suis contente de l'avoir lu avec le Cercle, sinon je ne suis pas sûre que je m'y serais remise...